16. L'amour poussière
Je n'aurais jamais cru que je pourrais aimer,
A en devenir folle un amas de poussière,
Qui mêlé à mes pleurs forme une boue grisée,
La mort et moi, on fait l'éternel bras de fer;
Mais l'amour poussière c'est persévèrer malgré tout à voir en rose,
La vie salie, meurtrie d'ecchymose,
C'est rayer d'un seul trait, sans pitier mes névroses,
C'est considérer qu'elles ne sont pas grand chose;
Ce soir là, affalée, les yeux dans le vague,
Je pensais à la nuit qu'on aurait toi et moi,
Je souriais, enfant, en caressant ma bague,
Tandis que tu crevais dans ta tôle à l'étroit;
Mais l'amour poussière c'est embrasser ton cerceuil en me brûlant les lèvres,
L'enlacer de mes bras contre le froid et la fièvre,
C'est serrer ton cerceuil sans sentir les échardes,
Tenter de rester edbout malgré mes lézardes;
Et quand ils sont venus avec leur armes peintes,
Me balancer que je ne te reverrai plus
,En pierrot plastifé et leur tristesse feinte,
Sur le coup mon amour, je ne les ai pas cru;
Mais l'amour poussière c'est oublier le jour de ton enterrement,
C'est rêver que tu glisses l'alliance à ma main,
Que tu es avec moi, dans notre grand lit blanc,
Et qu'on fait l'amour... encore... jusqu'au matin.
Mephistopheles